Compagnie Car à Pattes

AILLEURS, AILLEURS

D'après Slimane Benaïssa 

En mars 2002, la compagnie Car à Pattes participait au Festival Méditerranéen de Théâtre pour enfants de Ben Arous en Tunisie, avec le spectacle KANKIKOI. Riche d’échanges et de rencontres, cette première expérience à l’étranger fut aussi l’occasion de découvrir d’autres compagnies originaires du bassin méditerranéen. Très vite, des liens privilégiés s’établirent avec une compagnie de Constantine : le Théâtre Eleil.

L’idée d’une collaboration entre les deux compagnies est née de cette rencontre. Les contacts se multiplient et quatre ans plus tard, un projet de création pluridisciplinaire commun construit à partir de deux langues, deux cultures, deux sensibilités, voit le jour.

Prenant appui sur un texte de Slimane Benaïssa, les deux compagnies choisissent de privilégier le théâtre d’objets, technique quasi inexistante en Algérie. La compagnie Car à Pattes voit là une nouvelle occasion de fédérer les énergies artistiques et mêle à la création théâtrale, la photographie, les arts plastiques et la vidéo.

PROPOS

Des enfants rêvent de partir pour Ailleurs, un Ailleurs où tout est plus beau, plus facile, où l’on peut vivre heureux. Pour cela, ils doivent passer devant une étrange commission composée de trois juges et raconter chacun son histoire. Celui qui dira la meilleure aura le droit de partir.

- C’est quoi, « Ailleurs » ?

- C’est un endroit où tu te sens très bien.

« Ailleurs », c’est aussi ce qui préoccupe les jeunes de nos villes et de nos villages, de part et d’autre de la Méditerranée. Assis ou appuyés le long des murs ou des abris bus, ils rêvent de là où ils ne sont pas, désespérés par là où ils sont. Ce sont les « hitistes »* d’Alger ou de Constantine, les jeunes des cités de Marseille, de Paris ou d’Amiens, et aussi des bourgs de nos campagnes. Miroirs de nos aveuglements d’individus qui avons l’air de croire que nous serions mieux ailleurs ; dans un autre pays, une autre ville, une autre maison, avec un autre travail, quelqu’un d’autre.

Mirages des médias et de la communication qui donnent à voir aux yeux éblouis un idéal du monde. Eldorado de toutes époques et de toutes civilisations qui satisfont les uns et laissent les autres sur la route.

* « hitistes » est un terme franco-algérien construit à partir de « hit », le mur, qui désigne le jeune algérien, qui passe son temps debout adossé contre un mur, à ne rien faire et à rêver d’un ailleurs où il pourrait trouver du travail et échapper à la misère.